Bruno Bleu Poèmes, photos, peintures et autres de Bruno Bernier

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Sole blu - Soleil
bleu

Chute

C'est la chute!
Tombée la femme,
Bruit énorme entendu
La femme sur le sol
Etendue
N'est vraiment pas belle à regarder.
On dirait un film policier.
Un monsieur de bleu vétu
Crie et siffle son bonheur
De pouvoir enfin s'activer.

Voiture blanche avec du rouge
Croisé sur son toit
Qui hurle de rage
D'avoir été dérangée
Pendant son café.

bleu

 

Le vent et toi

Une main sur ta tête caresse tes cheveux
Un corps sous tes mains vibre doucement.
Dehors, il pleut.
Un corps sur ton corps
Et le vent au loin.
Un cri te noie, un cri t'emporte.
Ses cheveux sont d'or,
Et son rythme, de plus en plus lent.

Le vent passe sous la porte,
Ton dos se déchire,

Ton corps gémit, tu hurles,

C'est fini.
Le silence revient

De lents baisers frissonnent

Dehors le soleil rayonne.

cafe

 

Déclaration.

Ceci est une lettre anonyme
Que moi Bruno
Ne signerais jamais.
Elle ne dénonce personne.
Elle ne dévoile rien.
Elle n'a pour seul intérêt
Que de paraître belle
A beaucoup de petites cuisses
Et de beaux petits sourires.
Hélas, les sourires sont mâles,
Les grimaces sont femmes
Et je ne suis pas plus homme
Que la cabine du téléphone
Qui sanglote desesperément
Avec fracas.

 

concert

 

Geste de doigts

Avoir envie de tous les plaisirs
Envie de chaque regard effleuré
Passer sa main dans des rêves de corps
Et sourire de cheveux qui frôlent les lèvres.
Par des années, le visage parcouru
De mille reflets solides.
Et penser que rien ne sert
Que tout est chair
Et croire que l'oubli
Peut rendre la nuit douce et calme.

joao2

 

Avec sa poire.

Elle se tient toujours au comptoir
La fille qui refuse de s'asseoir
Même si tu l'invites à boire.
Elle veut rester au comptoir
Elle se regarde dans le grand miroir
Elle se fait de l'oeil avec espoir
Elle espère qu'elle se plaîra un soir
Qu'elle repartira avec sa poire
Qu'elle passera la nuit
Avec elle-même
Et non pas avec un corps
Rencontré au hasard,
Croisement de deux solitudes.

joao

 

Romantique?

Une larme sur ta joue a coulé
Une larme sur ta joue, j'ai embrassé
D'un baiser à une caresse
D'un désir à la tendresse
Il n'y a qu'un regard
Et de l'amitié à l'amour
Il n'y a qu'une seule parcelle
De temps très lourd.

 

Ecriture ronde

fruits ronds et caresses
roses et fruits
abricots et cheveux
arbre et abricot
bouche appel, rappel
souvenir confus.
mains qui cherchent
une fleur à travers les herbes
et recherchent à travers elle
l'oubli total.
C'est fini
les fleurs se fânent
et les abricots meurent
l'arbre est seul
les roses se confondent avec leurs épines
des fruits ronds deviennent souvenirs
et le temps passe
la femme est immortelle.

 

La maison

Il y a cinquante ans
Un oiseau posé
Sur la plongée de ta vie
A crié par le verre
Lit blanc
Ventre blanc
Blancheur des seins
Pâles luminescents
Soleil caché
Vent clandestin
Tanné le visage
Bras buriné
Et trois vies
Qui sont de trop
Pour ton énorme
Envie de toi.

 

 

Si l'agneau est rouge de sang

Si le manche est de bois
La lame est de fer
Si la chair est d'homme
Les habits sont d'agneau
Si la mort est là
C'est que la lame est dans l'homme.

 

Jeu

Si tu me donnes Amsterdam
Je ne te marchande pas
Constantinople mais tu me
Laisses passer sur Atlanta
Librement pendant trois
Tours et moi de même
Sur Moscou
Bisou l'amour,
T'es le fleuve le plus
Mignon du monde...

 

Débuter dans la vie


Il vendait des choses infames
A n'importe qui.
Il était payé n'importe comment.
Il savait qu'il volait le peuple
Et s'en foutait.
Mais, et le point est là:
Il disait que si l'on a faim autant manger,
Il disait s'il faut travailler pour passer le temps autant le faire.
C'était juste un menteur.

 

Dimanche


Tout doucement le sang qui coule en moi
Se corrompt et devient pourriture.
Des oiseaux dévorent ma cervelle,
Et mes bras s'atrophient
Et semblent vouloir se séparer de mon corps.
Ma vie n'est plus qu'un lambeau
Et des étoiles sanglantes s'écrasent sur mon visage,
Venues de moi.

 

C'est vrai ca!

Des mots,
Il en faut partout
J'aime te tâter dans les couloirs,
Enfant de moi-même.
J'aime bien tes mots,
Je suis cliquetis bizarre des temps.
Y'a des couleurs qui se perdent.
J'aime tes remords.

 

Livre de l'angoisse

Ce vent qui t'emporte,
A des yeux trop clairs,
Vraiment, pour être l'expression du temps.

Des oiseaux du toit sont tombés
Et le vent s'est arreté avec de l'étonnement.
La pluie a trainé sa bouche
Sur des sentiers de lièvres
Tu ne t'es pas souciée de laisser tes pas
Souiller la trace de ton enfance.

 

 

Vroum vroum.

En partant en vacances,
Car elles sont toujours plusieurs
Les vacances, même si on ne peut
Pas partir.
C'est les vacances, même
Quand on reste à Paris, c'est les vacances.
Boum, boum (contrebasse)
Ting, ting (piano)
Une vacance,
C'est quand il y a une place à prendre.
Des vacances, c'est quand la place est prise.
Un soleil. Une mer bleue. Une plage.
Tout ça, tout ça, c'est les vacances.
Est-ce que tout ça va me payer un pyjama?
Je crois pas.
Je devrais me mettre à vendre
Mes poèmes, peut-être au dos
Des boîtes de biscuits
Ou sur des emballages de harengs fumés?

 

Vingt trois heures.

Laver les mots sales
A l'eau de javel...
Laver les bouches et les lèvres
A l'eau de haine
Et remplir les sacs de linge sale
De bombes cruelles,
Mettre à chaque bombe un adjectif
Un poème au bout de chaque futur soleil.

 

Voleur de temps

En avance d'un jour sur mon temps,
Je n'ai jamais le temps de dépasser mon époque
Je suis obligé de glisser des mots, des phrases, le long des minutes
Pour conserver mon avance.
Mais impossible de doubler plus de 24 heures.
Malédiction, ma vitesse est limitée à 3 millions de maitresses secondes
Jamais, je ne dépasserai
Le mur de l'amour.

Jamais, je ne dépasserai
Le mur de l'amour.

 

Adieu aux larmes

Tu es une ombre de soie
Sur la toile de mes idées.

Une ombre transparente
Fine aux traits précis
D'un enfant pâle.

Le soleil se tord et éclate dans le silence.
Je suis sans lèvres
Ma bouche est précipice
Ma bouche est tendresse.

Des larmes de sang
Sur tes jambes
Sur le sol.

 

Ulcère

Lune agitée de tes yeux
Tu ris
Tu mords
Migration sauvage
Dieu est là
Sur la table d'opération
Ventre ouvert.

Marie

Marie, je te veux
Je ne veux que toi
Je veux ton corps, sur la mer
Dans le ciel,
Dans l'avion des passions.
Amie Marie, non, je ne veux pas que toi
Sur les murs de ma chambre
Le son de ta voix transperce en tous sens
Et vrille le crâne
De ceux qui t'aiment.

 

A jamais

Rupture de la vague contre la porte
Eclat d'une toux dans une salle de concert
Passages de pas patients parmi tes palissades
Errer le long de ton corps lassé de mes autres errances.
Mercher, marcher le long de ton immensité,
J'aspire à rentrer mon corps tout au long de ta voix,
A rester couché à jamais dans ta salive lisse
Et puis un jour à
Etre
Avalé comme le son
Du piano tendre qui glissa
Léchant ta joue.

 

Desespoir

Un joli petit chien se prélasse dans un fauteuil,
Devant lui sur une table basse fument des tasses de thé,
Des voix dans le couloir glissent jusqu'au coeur de la chambre.
Un sucre ou deux dans le creux de la tasse
Et puis plus rien dans la main
Qu'un mouvement rond qui agite la cuillère.
Puis la tasse élevée jusqu'à la bouche,
Un gateau sur l'assiette.
L'on regarde par la fenêtre la grisaille
Et la pluie, et l'on se dit,
Mais qu'est-ce que l'on est bien chez soi.

 

 

Deshabillée

Une rose dans l'oeil
Du soleil dans la bouche
Les mains pleines
A n'en plus pouvoir,
Une fille regarde les pavés qui dansent
Et tu aimes leur envol
Quand ils tournent
Autour de ta tête
Comme de grosses mouches bleues
Et tu aimes
Les soleils à croquer
Et les roses qui voient.
Et oui,
Les pavés sont morts,
Peux-tu les faire revivre?

 

Tiret, à la ligne.

Un homme est dans ta mémoire
Sa mort est ton geste favori
Et le temps n'est pas arrivé
Pour la libération des prisonniers de l'amour.
Tu as dans ta mémoire:
La bouche de cette fille,
Les mains douces de cette fille,
Et dans le ciel, tu vois un arbre mort.

Ton lit était sur la mer,
Ta femme regardait le monde.
Tu n'avais pas de secret
Tu étais seulement un homme,
Pas un monstre populaire
Pas un monstre d'argent.
Tu étais le dernier homme libre de ce monde.

 

 

Quand je mourrai encore


Souvent, quand les poètes meurent
Il leur faut de la patience.

Il leur faut attendre que leur mort soit homologuée
Pour encaisser leurs droits d'auteur.
Moi, cela fait vingt-trois fois que je meurs.
Et vingt-trois réussites.
Malgré les mauvaises langues,
Chaque fois j'ai prévenu les agences de presse et
Convoqué les photographes, les radios et les autres.
Toujours six mois à l'avance.
A chaque fois, je laisse ma mort se faire en direct.
En fait, j'ai négocié mon transfert, directement avec la Mort.

Souvent, quand les poètes vivent
Il leur faut de la patience.

 

Le regard de l'oiseau-lune
L'oiseau avait un regard de lune
Qui perçait chaque fille
d'un rayon d'amour
Et chaque fille mourrait
Après l'avoir reçu.

L'oiseau avait un regard de lune
Qui perçait chaque fille
D'un rayon d'amour
Et chaque fille vivait
Après l'avoir reçu.

 

Jeune et belle

La pendule ne sait pas l'heure qu'il est.
Elle se contente de l'indiquer.
Tu ignores ta personnalité,
Tu ne fais que la tuer,
Tu joues avec les sonorités,
Tu ne sais pas les manier.
Tu cries ta science
Mais tu ne montres que ton ignorance.
Tu as la chance de vivre en occident,
Montre que le temps combat pour toi.
Montre que ta lutte est ultime
Comme tu le chantes si bien
Au quartier latin.

 

Intermède

Et si les ventilateurs s'arrêtaient
De tourner
Un soir
D'été,
Si la centrale éléctrique
Se détruisait
Les oiseaux s'envoleraient en riant
Ceux qui savent l'amour
Froid ou chaud
Riraient,
Mais les salauds
Créveraient.

 

Soleil

Le verre transparent
Du pêcheur marocain
Contient une pomme verte
Percée de trois trous
D'argent pur.
Dans le premier, le soleil.
Dans le deuxième, un homme.
Dans le troisième, une odeur de forêt vierge
Après un viol sanguinaire.

 

Et avec ça?


Trois grammes de poésie ne feraient de mal à personne
Et deux plumes sur ton front
Et deux baisers?
Et toi qui cours derrière moi avec des tas d'ailes qui bruissent
Et te trahissent!
Et avec ça, ma brave?

 

 

Blondes et blanches

Blondes et blanches sous le soleil d'acacia,
Genoux pliés sur la toile blanche des yeux
Voiles sur les mains et les bouches
Nattes tressées recouvrant les oreilles et les seins
Tu penses et tu penses à moi
Et moi qui entends tes remords à poignées
Sur les longues plages des étoiles
Blanches et blondes sous le soleil du fleuve
Doré sur toi et tes hanches de miel doux au sens
Et mains au vent qui étaient les miennes.

 

Tous les enfants

J'écris ma feuille
Posée sur la télé
Eteinte.
J'écris et je pense
A toi,
Petite fille
Qui dort
Dans son lit de bois
Et tousse parfois.
Tu dors et tu rêves
Au petit lapin rose
Dont tu caresses
L'étiquette
Comme une
Amulette.
Agathe, ma fille
Tu es la fille des poètes.
Tous les enfants
Sont les enfants des poètes.

Sur le bois du volant

La main serrée sur le bois du volant
Tu vas loin dans les montagnes
Tu ramasses des sourires, des adieux
Tu passes dans les coeurs
Et tu ne reviens jamais.

 

Ami, tu vis sans vivre

Ami, tu marches dans les étoiles.
Tu vis sans vivre,
Tu es seul,
Seul.
Tristesse infinie,
Il ne reviendra plus.
Tu sens la fraicheur du sang.
Tu sens la fraicheur du vent.
Tu écartèles la moindre palpitation.
Tu es îvre de soleil.
Tu crois, tu es toi.
Toujours toi. Il c'est toi.
Tu es seul.
Seul, comprends tu?

Mais tu marches dans les étoiles.

 

1945. 1946. 1947....1955

Mairie d'Antibes.
Martin Essoir, désirez-vous épouser Isabeau de La Jonquille, ici présente?
Le marié pris d'un fou rire fut emporté...
Pour un mariage, ce fut un bel enterrement.

 

Bordé de peupliers roses

Une fille prélasse
Sa paresse nonchalante
Un oiseau pour l'eternité
Fixé sur le fond de ses yeux
Bleus.
Une gerbe de regards
Accrochée à son corps.

Un homme dans sa peau
Un homme sur sa main.
Une fille devant ses menaces.
Une fille hurlant
Devant les peupliers roses,
Devant tes lèvres, un souffle s'arrête.
Cris de femmes, absence de rires.
Envie mortelle de vivre
Calciné dans tes mains.

 

Tu vois

Tu vois le vent
Tu vois la fleur
Tu vois la lenteur du jour
Tu vois ce que tes yeux te laissent voir.

Branches agitées.
Couleurs attachées à la terre par un fil.
Courbe de soleil imperceptible,
Mouvement frémissant.
Tu vois la main de l'objet
Tu vois les yeux du sujet
Tu ne vois pas la pensée du suicidé.

 

HUMAIN


La nuit, les fenêtres fermées,
Un drôle de type rode
Devant la morgue
Ce qu'il vient y faire
C'est sentir, humer
Le parfum des viscères,
L'odeur de chair des hommes
L'odeur de chair des hommes
L'odeur des corps sans âmes
L'odeur des êtres nus après
Une longue vie sur terre
Passée à attendre ce que seule
La morgue peut offrir:
La réfrigération momentanée
Avant la mort (triste)
Définitive
L'oubli de soi dans la terre.

 

Le temps d'un mot

Une dure nuit d'angoise qui commence à durer depuis des millénaires
Et sur le ventre de la femme inactive depuis longtemps,
Une odeur de terre qui se prépare à recevoir la pluie,
Le temps d'un mot.

Tu regardes à travers ta peau,
Un noyau de passé qui lutte pour te parvenir.

Des cris d'angoisse qui reviennent de l'enfance,
Une poupée à l'oeil crevé.
Tout ce sang sur ton ventre et puis des rires, des cris.

La nuit, tu restes seule et ton ventre se recouvre de terre.

 

 

Docteur, je suis déjà mort.

Ouvre-toi à toi-même, ferme la voix des autres, écoute-toi.
Une alumette sur la fenêtre, glisse la main dans la bougie , retire la mèche et hurle au feu:
Il n'est plus, il est parti!
Plus de viande à mon pretexte.
Je suis ce que je fuis, j'étais et je serais.
Face de coyote, tripe pâle, souvenir honteux, tu existes et moi aussi.
La voix qui frise le long de la route et le son qui vibre alors que tout devrait se taire.
Je ne dois pas être là,
Je ne suis pas là,
Personne n'est là,
Personne n'était là quand tu y étais.

 

Cahier noir toilé.

Visiteur de nuit qui passe dans notre silence.
Il nous souffle des rêves, nous prévient des nuits futures.
Il compte notre temps.
Nous dit tout ce qui va arriver.
Pas de signes mais des scènes où nous jouons le rôle de fantômes
Dans des décors qui viendront surprendre notre reconnaissance
Et nous donner le sentiment de revivre le même ruban
Qui tourne, se mordant la queue,
Se nourrissant de nous-mêmes.

 

Que faire pour se redonner du tonus?

L'eau d'aujourd'hui sur les lignes d'hier fait des tâches qui resteront demain.
Que faire de nos astuces d'hier?
Revenir jouer plus tard?
Non, repartir sur des bases plus saines.
Revenir - Partir - Exister. S'ouvrir.
Problème.
Rester coquille.
Devenir Huitre.
Faire que les mots deviennent richesses.
Faculté d'oublier, tout,
Même que l'on sait oublier.
Et des mots, mots sans famille, sans loi, des mots qui ne ressemblent à rien.
Je cherche de vieux registres, qui gardent du passé leur peau, leur papier,
Que je puisse sans peur les recouvrir de mots sans valeur.

 

Inutile, c'est beau

Inutile c'est lisse
C'est triste
C'est amant
C'est assez
C'est tard ce soir
C'est maman qui pisse
C'est Line qui lit
C'est l'encre qui luit
C'est la vie qui continue.

 

L'homme marche

Il n'aime pas marcher
Il n'aime pas le métro
Il n'aime pas les bus
Il n'aime pas les voitures
Il n'aime pas se déplacer
Mais aime prendre un taxi de temps en temps.
Il est pauvre.
Il n'aime pas le travail
Il a un travail qui lui permet de faire un minimum et de gagner aussi un minimum.
Il aime lire, son travail ne lui permet pas de lire.
Le culte du livre,
L'amour,
La nécessité du livre.
Pour vivre,
Il a besoin des livres (Wodehouse, etc...)
De manger: son travail
De faire des courses, impots, loyer, déménager, s'habiller
Aimer?
Ecrire?

Ensuite il démolirait systématiquement la carrosserie.


 

 

Bonus

Traversant les marais salants,
Les rares masques restant souriants,
Les pieds dans la boue collante,
Nous avancions d'une démarche assez lente.
Courageux, certes non, mais tranquilles assez
Et encore malgré les gouttes de pluie douces, molles, insinuantes,
Nous étions des entiers qui refusaient toute idée de moitié.

 

Comme un doute

A des milliers d'années lumières de nos années
Quand ton corps se fait de glace et tes seins de pierre,
Quand l'abricot tendre de ton corps devient noix
Alors je sais que ton amour est loin, très loin de mon cri.

L'amour est rivière coulant entre deux rives
Une des deux berges s'effondrant dans son eau
L'autre côté reste puissant dans son injustice
Et toutes les angoissantes larmes écartelées
Ne peuvent modifier le cours subtil de la vitalité.

Vitalité, désir de vivre ce que non vécu
Désir d'émotions incontrôlées, injustifiables.
désir d'être un être nouveau à des yeux non vus
Volonté d'être autre dans l'inconnu délicieux
D'une vie non vécue à jamais par sa méconnaissance.

Et ce regard vainqueur dans la chute de l'ancien qui se tord
Torsion dérisoire du cri déjà lancé
Dont l'écho ruisselle le long des jours fanés.
Inconnu aux yeux de tonnerre gémissant, tendre voleur
Qui rend plus délicieux le fruit gâté
Que l'on pensait jeter.

Fin

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