Bruno Bleu Poèmes, photos, peintures et autres de Bruno Bernier

 

Soleil d'encre 2
 
Le long d'une route

Le long d'une route de montagne,

Un enfant s'est perdu,
Un adulte  cherche sa route.
Et si nous partions sur de nouvelles bases?
Sur quelque chose qui n'a jamais existé et
Qui ne pourra jamais exister?


 
ET TOI QUE VOIS TU SUR CE MUR BLANC? 
Le mur blanc est fait de pierres qui parlent entre elles 
Qui se racontent des tonnes d'histoires 
Où le ciment est roi 
Et le maçon est chef 
Le seul chef de la vie des pierres. 
Que faut il en penser? 
Et voila qu'une pierre avec le temps tombe 
Que peux-tu dire? Que peux tu penser? 
Sinon la recevoir sur le pied 
A ce moment là où la pierre est tombée 
Malgré le ciment et la volonté du maçon.
 
Traversant les marais salants 
Les rares masques restants souriants 
Les pieds dans la boue collante 
Nous avancions d'une démarche assez lente. 
Courageux, certes non, mais tranquilles assez 
Et encore malgré les gouttes de pluie douces 
Molles, insinuantes, nous étions des entiers 
Qui refusaient toute idée de moitié. 
 
JE RECHERCHE MON TITRE AVEC OBSCENITE 

De l'amour dans un sablier d'eau froide 
Je recherche mon titre avec obscénité 
L'amour dans un sablier d'eau froide. 
La recherche du titre obsède le poète durant tout un été. 
Chacun se dit ce qu'il est. 
Avec toutes les déclinaisons possibles autour de l'être haï. 
Même si de plus en plus évidentes nos soirées s'amenuisent, 
Les rapaces trembleurs persécutent toujours. 
Tuer les rapaces. 
Franchir l'harmonie durement reconquise. 
Elle glisse la nuit le long de mes armes. 
La jolie péniche au bois de rose est passée sans rien voir, sans rien vouloir voir. 
La nuit n'a pas de valeur d'échange. 
Des accents sentimentaux passent à travers les toiles. 
Nos mots ont la scoliose des placards tristes. 
Pas de silence pour les amoureux du noir. 
Un marchand de vin et d'espace est parti habiter une page vide. 
Le ruisseau s'endort. 
 
A TRAVERS LES OCEANS 
  
Soirs d'automne où la lumière baisse 
J'aime votre lumière 
Et la parcimonie de vos regards. 
Je me rappelle 
L'an de la solitude 
L'an neuf de la vieillesse 
J'étais là sur le bord de ce fleuve 
Et je voulais parler à quelqu'un de différent 
Quelqu'un qui ne dirait jamais d'autres mots 
Je n'ai encore trouvé personne 
J'ai cherché pourtant 
J'ai cherché dans chaque vague 
Dans chaque foret où les arbres se croisent. 
 
EXTRAPOLATION 
  
Tu crois que c'est facile 
D'écrire comme ça 
Pour dire des trucs 
Que personne 
Ne lira jamais 
A travers des chemins remplis d'odeurs. 

 
SOLSTICE 
  
Au coin d'une rue tranquille 
Un homme dessine des arabesques sur le sol 
Rouges qui sourdent tranquilles de son corps. 
Des enfants essaient de nouvelles couleurs 
Sur son corps. 
De leurs lames et leurs seringues effilées  
Ils sculptent comme de jeunes artistes.  
L'homme devenu aveugle, sent frémir son corps 
Il sent vibrer sa chair et toutes ses fibres. 
Les gens passent autour de lui 
Sans qu'il les voit 
L'homme a peur de mourir 
Sans apercevoir la couleur de son propre sang. 
 
AU MILIEU 
Les lèvres tristes 
Et le corps fou 
Je veux trouver un endroit calme 
Où me cacher 
Pour cacher aussi ma tristesse 
Pour glisser en paix dans l'inconscience
 
TRISTE LE POETE, EXCLUSIF! 
Triste le poète lorsque le soir 
Triste le poète lorsque le matin 
Triste le même lorsque le jour 
Triste tout le temps par tous temps 
Tristes ses amis de le voir triste 
Heureux ses amis de ne pas le voir 
A finir un de ces jours ce poème 
Qui ne tient même pas debout 
Un poème tout mou! 
 
TES YEUX

Avec ces mêmes gants 
Tes mains ont à jamais 
Dominé une vie 
Pour la rejeter à jamais 
Dans le vide et l'oubli 
Ne me donne pas la main 
Tu oublierais à jamais 
Expression connue 
Que tu as tenu entre tes doigts 
Un semblant d'amour ! 
 
TEXTE EN PASSANT 
  
Et la vie descend 
Tout au fond de l'univers 
En changeant de formes 
Et de couleurs 
Selon la profondeur. 
Seulement la nuit, 
Le temps laisse partir la vie 
Où bon lui semble. 
Les fleurs mortes du passé 
Telles des fleurs mortes 
Se glissent entre nous en pleurant 
Et nul ne les entend. 
Nul n'entend le son des pétales mortels 
qui tombent sur le sol des souvenirs. 
 
Décompte de la rémunération 

Montant du salaire fixe : 
Peu de choses mais surtout un baiser 
Et surtout chaque soir 
Sinon... 
Je crève et je crève si fort que ta petite soeur M E U R T; 
Si ce n'est ta petite soeur 
C'est ta grande, là devant moi 
Celle qui a des seins 
Que même si c'étaient des seins 
Et même que si c'était une fleur entre ses jambes 
Toi si tu la touches 
Toi qui es son frère 
Je fais de ta gueule 
Une délicate confiture de fraise 
Ou de framboise 
Si ce n'est de groseille 
Dans tous les cas amène l'oseille 
Et plus vite que ça 
Je suis patient 
Mais pas complètement idiot. 
Réglisse va!
 
NOUS SOMMES TOUS DES OISEAUX 
  
Les cheveux blonds 
Le souffle court 
Et toi et toi 
Nous sommes tous des oiseaux organisés. 

 

CE QUE TU ES

Tu es un poisson
Devenu oiseau
Par la seule force de ta pensée
Tu es baiser
Tu es fantôme d'amour et de beauté.

 

Mascarade inversée


Mascarade inversée des poissons-oiseaux
cachés dans la falaise de mes sentiments

J'aimais me surprendre
Jouant à travers mes mots
A des passions superbes
A jamais ignorées de leurs objets.

 

Revenir à la case départ

Revenir à la case départ
sans être jamais partis
Rêver sans jamais s'être endormis

S'aimer sans jamais s'être connus.

Se tuer sans même avoir vécu.

FIN

 

21 mai 1971

  La route qui conduit au lac est dure
Mais quand le lac est là, l'espace s'agrandit,
 les mots deviennent plus longs et plus lents
 mais le lac se meurt et devient falaise.
 devient falaise morte devient plage immense
et tu es couchée sous le soleil.

 

VERITE

Volant courant marchant
Les trois doigts de la main
Se glissent
Tes paupières referment
La page des secrets
Tout se dire
Dire ce que l'on a
Dans le coeur
Et sur les tripes
Dur de dire tout
Dans un regard
Qui ne sera jamais vu.

 

AVEC

Triste oui,
Boîte de pastel,
Vin blanc, crème de cassis.
Toi qui es(t) tout cela
Le soir, les rues
Temps qui passe sans regard.
Sans contact.
Sans amour
Et sans connaissance.

 

LES ENFANTS TRICHENT

Les enfants trichent en jouant à la balle avec leur mort.
De la lumière au bout des doigts descendre le long du fleuve
Ne plus jamais se dire, ne plus jamais se mentir.
Mensonge convaincu dans l'essentielle suite des sons.
Sortir de soi, visiter les autres.
S'offrir si l'on veut être bien pris.
Ne pas s'étonner si personne ne se penche ou ne voit le don.
Attendre simplement que le don soit manifeste,
Un et compris par celui qui passe et celle qui sait.
Etre offert, être don, vaincre sa peur et celle des autres.
Assis sur un banc,
Là-bas des enfants trichent en jouant au ballon avec la mort.
De la lumière au bout des doigts, attendre doucement que le silence devienne opaque, que la nécessité du signal traverse le fleuve.
Le silence souterrain des mots est un piège où les abeilles se perdent.
La notion d'enfer triste est à relier au ballon de ceux qui trichent.

 

 

 REGARD USE

Un doigt vers le ciel
Une tristesse possible
Un bonheur total.
Tes mots sont incroyables
Encore, donne-moi de faux espoirs.
Nous partirons ensemble
Vers un village étrange
Où des granges fatiguées
Attendent nos corps abandonnés.
Une fontaine épuisée
De vieux arbres séchés.
Un verre de vin oublié.
Nous connaîtrons chaque sentier et les chemins cachés.

 

JE SUIS UN NUAGE

Une logique de l'enfance
Qui vient et va entre les choses
Et les mots.
Une logique qui change
Le sens des couleurs et des formes.
Une logique qui transforme
Chaque être en autre chose
Pour nous, 
Qui faisons semblant 
Que tout cela a changé
Que le monde est réellement
Devenu autre
Alors que nous savons
Au fond de nous même
Nous savons
Que c'est toujours POUR DE RIRE
Même si on fait semblant de croire
Que c'est POUR DE VRAI...

 

UN JOUR COMME çA

Assise
Un jour
Elle a mis
La fraise
Entre ses lèvres
Pour la mordre
Puis elle a demandé
Une autre fraise
Mes lèvres lui donnais
Puis elle est partie
Il me reste
Une chaise

 

Bol bleu imparfait...

texte en plus car image en trop
je ne reviens plus ici
j'ai trop vu de mots lointains devenir mortels
Flêches brisées dans la chair empoisonnée

 

RAPPEL DES GRANDS PRINCIPES DIRECTEURS.
 
1) Ne parler que de ce que l'on connaît, par expérience propre.
2) Voir les conséquences à long terme du contenu
3) Eviter l'ambiguïté des fausses conclusions, des  situations floues.
4) Que la forme soit claire et au service du contenu
5) Que le contenu soit utile
6) Convaincre ne signifie pas assommer mais expliquer
7) Les principes directeurs ne sont qu'une indication et non un dogme.

 

Tu passes comme...
 
Oiseau femme aux ailes tendres
Dont les plumes sont encore duvet
Tu passes dans ma vie
Comme neige au soleil
Coulant de plus en plus vite
Avec force et vitesse
Dans mes veines et mon corps
Et puis le temps se fige
Le courant devient régulier
Et s'immobilise,
Dans un instant glacé et moite d'amour

 

Mademoiselle

Il y a longtemps,
Un soir de septembre
Avec un vieux reste de soleil
Nous nous sommes croisés.
Cette soirée
Comme ces soirées aux sourire éteints
Des oiseaux glissant de lèvres en lèvres
Passant de coeur en ciel
Nuits éteintes aux lits pâles
Que prennent les dernières forces
Les soleils de demain
La fuite des idées
Dans une aube plissée
Est une réalité
Enfermée par une voix
Qui cogne et frappe la mémoire.

 

 

UNE VIEILLE RENGAINE

La mer comme le sang
S'élève et s'abat
Sur la plage blanche de mon désir.
Ma main comme le vent
S'élève et s'abat
Sur le ruban de ma tristesse
Qui tourne et s'enfuit
Dans mon désir.  

 

THEME DRAMATIQUE DE LA MAIN

La main de Dieu
Seule dans un infini adieu
Sans douleur et sans peur.
Dans sa main,
Comme une ardente prière
Supplication du nuage à la mer.
Il tient son fiston
Bien en main
Car le fiston est d'une galaxie étrangère
Et ne connaît pas
le soleil de la terre.

 

SENS REEL

Femme allongée, un livre à son côté,
Rêvant d'un temps lisse et constant,
Sans failles, avec l'absence d'instants.
Femme inerte, là, aux paupières mobiles.
Image trouble, fruit de vie.
Mais un chat, sur le tapis noir
Marche vers elle.

 

UNE IDéE DE FLEURS

Les fleurs absentes de ce vase
Qui n'est pas là le long de ce mur
Qui n'est pas encore à moi
Sont blanches et dures et sentent
Une odeur pure et doucement
Plaisir de sourire.
Je sais que les fleurs ne sont
Que futur, que mes fleurs n'existent pas encore,
Elles sont rondes, longues et surtout
Plus denses et solides et fermes
Que la blancheur de ce papier.

 

SUR LES TOMBEAUX

SUR LES TOMBEAUX D'UNE GRANDE DOULEUR MUETTE      
QUI NE FAIT MEME PLUS RIRE    
LES SOLDATS,   JE PASSE.    

 

 

?

Ma main s'enroule autour de ta parole
Et se laisse entraîner par le rythme de tes mots
Et le plaisir se diffuse
Le long de mes nerfs
Et je me roule sur le sol
En gémissant ton nom.

 

UNE DATE! UN JOUR.

Ma nuit, mon enfer, mon amour, mon rêve
Je me demande si j'existe encore
Ou si je suis effluve passagère
Emanant d'une fumée légère
Et tu sais que c'est toi que j'adore
Même si je fais semblant d'aimer Eve, ta soeur
Tu n'as pas de soeur?
Mais Eve ce rêve
Se fait passer pour elle
Et quand elle se montre nue, c'est en t'aimant
Que je lui fais l'amour lentement.

 

J'AI LU LE MONDE 25 05 85

  Simplicité,
A ta recherche,
Fuyant le bruit des mots qui éclatent...
Mon verre à côté du biberon...
Biberon qui reste à moitié bu
A moitié bon
Mon verre qui se vide de plus en plus vite
Et cette envie forte
D'un peu d'eau et de sommeil
Pour combler le vide de la pensée.
Et ces pages blanches?
T'en souviens-tu? Et ces toiles blanches?
Le sont elles encore ?
Après ces nuits, ces jours et ces nuits d'amour tiède?

 

SAVOIR ETRE

Etre au service de soi-même
Etre son seul guide
Sa seule conscience.
Connaître sa force,
Savoir être.
Refuser de passer derrière le décor.
Sculpter jour après jour sa vie.
N'écouter que les bruits provoqués par la nuit.
Trembler doucement en espérant trouver un autre chemin,
Vierge de toutes salives et nu à tous les regards

 

Où EST LE DéBUT ?
  .../...
Et le soleil dans la peau rougir de
Mots passés, givrés, gelés à jamais,
Penser à des mots qui crient
Leur tendresse le long de
Ruisseaux aux eaux usées.
Jamais les jours ne reviennent lorsqu'ils sont usés.
Ils restent là-bas au loin au pays des jours vécus.
J'ai aimé un jour un jour vague
Avec la vague idée de m'en occuper un jour
Et ainsi de suite
Sauf qu'il n'y a pas de suite et que le jour est venu.
Où est la femme? Où est le jour? Où suis-je?
Et puis le disque usé et le oreilles attendries,
Les bruits de fond s'estompent
Et la musique revient légèrement assourdie.
Je t'aime temps à venir
Je t'ai aimé, temps qui passa
Que j'ai déjà oublié.
Seul le présent est mon passé
Et le temps va et revient
Parmi des millions d'êtres.

 

UNE DATE

Tout doucement,
Le sang qui coule en moi se corrompt
Et devient pourriture.
Des oiseaux dévorent ma cervelle
Et mes bras s'atrophient
Et semblent vouloir se séparer de mon corps.
Ma vie n'est plus qu'un lambeau
Et des étoiles sanglantes s'écrasent sur mon visage,
Venues de moi...

 

NOM DE DIEU

Ma différence, c'est d'être comme toi
Un enfant du vent qui tasse sa solitude
Au fond d'un verre en carton vide.
Verre vide
Vieux vent vendu
Plein de coca
Coca qui mousse comme aspirine
Et qui bruisse et glisse le long de la gorge
Tombant dans l'estomac d'une hauteur indigne.
Et soudain la tête qui s'éclaircit
Qui devient plus lucide!
Mémoire qui se rêve,
Qui se réinvente un ancien passé!

 

LEVRE  (variante)

Je connais chaque feuille morte du sentier
Chaque détour du chemin solitaire
Traversant les hommes
Le sentier se perd vers l'infini
Puis se brise devant le mur
Je connais chaque feuille morte du chemin
Chaque détour du sentier
Le mur s'arrête devant un truc énorme
Atteint le ciel
Cache le soleil
Sur le mur une bouche
Deux lèvres
Attendent un baiser
Baiser de mort
Baiser d'automne.

 

LE LIEU? Page  122

Et leurs main moites
Traînant le long des cuisses
Et invitant les plus craintifs derrière ce rideau
Blanc
Peuplé d'une lueur transparente
Et quelquefois de petits cris et gémissements
C'est le rêve permanent de la femme.

 

D'UN BAISER BARRE

S'il y a une chose que je savais faire
C'était écrire des poèmes d'amour
Des hameçons doux et tendres où
Les coeurs se piquent où les yeux
Se fixent et les âmes se bloquent.
Plus rien à faire
C'est ça mon enfer.
Empêcher l'amour d'être amoureux
Vouloir arrêter le désir
Entre deux bouches qui cherchent le même baiser.

 

 

 LES PLUS BELLES


Dans la ville éclairée
Par le sang répandu
Dans chaque regard
Brillent des larmes
Dans chaque voix tremble
L'émotion...
Les plus belles vierges
Se sont faites putains
Et vendent leurs corps
Sans peur, ni pudeur.
Les mères font l'amour
Avec leurs fils
Pour leur apprendre la vie.
La solitude s'étend sous le ciel
Et emplit chaque vie.
Une seule nuit
Balles rondes chaudes
Visages noirs et doux
Tristes parfois
Qui jonglent avec des larmes
Soupir blanc des oiseaux
Soupir bref de la mer
Vibration tremblante sur les mots
Court le son
Lente la voix
Mais la distance
Mais trois sur le même bateau
Coquillage à peine né
Qui ne s'ouvrira jamais
Confiance aveugle

 

MOT
Posé, là au dessus
Qui ne sert à rien
Sans sens
Sans but
Sauf de servir de prétexte
A ce texte qui n'a pour but
Que de montrer ma ...
(Lire à la place des points le mot "lutte" mon contrat m'interdit ce sport : la lutte)
Et puis faire la sieste seul
N'est pas toujours "dreûle"
Ha ha !!!

 

BLUES

La mer aux nerfs fatigués
Ne réagit plus aux insultes
D'une mouette cafardeuse
Qui s'ennuie d'avoir trop vécu.
Elle connaît le chant
De tous les oiseaux.
Quelquefois, elle crie
A travers le murmure ténébreux des vagues.

 

SANS ESPOIR


Ma tristesse est là
A côté de moi.
Elle me regarde
Et je ne peux rien lui dire.
Ma langue est clouée.
Ma langue est fixée.
Si tu regardes le ciel,
Tu verras quelque chose bouger.
Mais ta tristesse sera là,
A ton côté,
Clouée pour l'éternité.

 

SUPPLIQUE POUR TRAVAILLER à LA FONDATION MAEGHT

du côté de st Paul de Vence.
Ecrite après une visite payante
en compagnie de ma Florence
qui attend notre enfant,
un mardi après-midi d'Avril,
après un dur voyage de Cannes la Bocca à St Paul de Vence
Par bus et bus et bus et tout ça coûtant beaucoup d'argent.
Alors que nous n'avons pas beaucoup d'argent.
( Là, il en manque un bout,
je crois que le fragment se trouve en moi ou autour de moi
ou même quelque part dans ces pages...
ce qui est sur, c'est ce que je pense souvent à ce jour là,
à la réponse sérieuse d'une employée de la Fondation,
qui m'a dit de remplir une demande de candidature,
sans me demander pour quel poste, pour quel type d'emploi...,
si j'avais voulu... le plus beau c'est d'avoir pu,
de se dire que si l'on avait voulu...
sentir sa chance au bord des doigts, toute chaude,
ne pas la prendre, attendre une autre occasion...)

 

QUESTION

Te souviens-tu de ta main sur la
Peau douce de son souvenir
Lorsque tu touchas la peau de sa
Femme et le temps éclata
Tandis que tu étais là
A te demander ce qui allait se
Passer au moment précis du contact de vos deux
Peaux.
Rien ne se passa.
Vous ne fîtes que l'amour
Et l'amour vous défit
Et lui revint sans
Rien savoir et que le vent se passe!

 

De blanc et de rouge

Tâche de couleur sur la main
Sur le front
Rouge et blanc
Sang et lait
Nous sommes tous des rois
Mêlés dans la même cruche
Bus par la même bouche
Et tu as la main tâchée de blanc et de rouge
Une couleur sur le front

 

COMMENT REMPLIR UNE FEUILLE DE PAPIER

Un mot derrière l'autre.
Enfilant des syllabes,
Collants des lettres,
Je travaille pour la postérité.
Il faut savoir que l'alphabet est terrible, 
Il a une main d'acier et n'accepte pas n'importe qui. 
Ne t'énerve pas.
Le but arrive.
Je vais t'expliquer.
C'est une histoire triste et malheureuse
Dont j'ai oublié le nom
Triste, cafardeuse,
Morne plaine désolée en quelque sorte
Dont j'ai même oublié le nom
Ah oui, je l'ai déjà dit,
C'est l'histoire d'une personne,
En fait,
Alors tout commença le jour où,
Ah oui, non merci, je n'ai pas faim
Alors je disais, c'est l'histoire
D'une personne très triste dont on a oublié le nom,
Vous comme moi
Mais qui était, très très connue
Et qui de plus ressemble étrangement à une histoire
Que je ne connais pas,
C'est une personne très malheureuse
Qui a une vie grise
Et qui meurt sans savoir
Qu'elle a vécu.
C'est atroce,
N'est-ce-pas?
Non, ne pleurez pas
Après tout cela arrive à tout le monde
Il suffit de naître
Pour porter sans cesse en soi
Une sorte de mélancolie
Sans pour autant présenter des symptômes alarmants,
Ni apparents!
Et oui !

 

COURIR EN BAS OU EN HAUT
 
La fille du métro qui court après sa mort
Chaque jour, elle court de bleu et blanc vêtue.
De plus en plus fort.
On la voit des tennis blanches à ses pieds courir dans les couloirs
Tout le temps, tout le temps du soir au matin.
Ce QU'ELLE CHERCHE?
ELLE NE LE SAIT PAS.
Elle ne sait même pas si elle cherche.
Elle se dit que l'air en bas est plus pur qu'en haut.
QUE LES BAISERS DU BAS VALENT MIEUX QUE CEUX DU HAUT?
La fille du métro qui court de plus en plus fort
De plus en plus en loin, douce et propre chaque jour.
Elle ne sait jamais s'arrêter, elle vient de glisser
Quelque part dans un couloir.
Ce QU'ELLE CHERCHE? ELLE LE SAIT
Un souffle qui lui dira : appuie toi à moi
On court ensemble vers le couloir
Qui mène au soleil à la mer
Il y a bien un couloir qui mène ailleurs ?
Un couloir qui mène vers nulle part.

 

TA RICHESSE

Pointe feutre et soleil,
Musique et cigarette
Dans le ciel
Tu peux te regarder
Et voir enfin une nuit
Silencieuse
Et feutrée.

 

 

Bruno Bleu Poèmes, photos, peintures et autres de Bruno Bernier